Respire

Pour Mutti, ma Maman hospitalisée
Respire
Tu as le feu dans tes jambes
Respire
Tu as le ventre qui tremble
Respire
Y'a de la vie, me semble
Respire, respire
C'est une histoire banale
Éclairée au fanal
Tu n'avais pas prévu
Qu'elle te mettrait à nu
Un vécu au service
Un goût du sacrifice
Et dans la bouche, amer
Le regret de n'pas faire
Tu crois que c'est trop tard
Qu'il n'y a plus d'espoir
Que la danse de Saint Jean
C'était d'un autre temps
Bien droite sur tes béquilles
Le couloir te défie
Tu t'aides de tes mains
Pour mieux marcher sans freins
Doux mouvement qui te berce
Douleurs qui te transpercent
Au rythme de ton cœur
Vacillant mais vainqueur
Autour de toi s'agitent
Des ombres qui t'invitent
À lâcher le combat
Elles ne gagneront pas
Le rouge au front te monte
Franchit le mur de honte
Un vrai sourire te vient
Un clin d’œil au destin
Et ton regard les vrille
Toutes celles qui renient
Leur beau destin de femme
Et leur retour de flamme
Respire
Nous marcherons ensemble
Respire
Main dans ta main qui tremble
Respire
Et que ma vie de cendres
T'inspire, t'inspire.

Entre Lame et Lamelle

Paroles et Musique: Sabine Colnot
Harmonisation, Arrangement et Accompagnement: Gabriel Núñez

Entre Lame et Lamelle, Concert à Romainville du 23 mars 2019

Dans la vraie vie, je suis chercheuse en biologie. Ce que je préfère, c’est passer du temps au microscope à regarder les cellules dans leur tissu d’origine. Pour ça, on coupe des tranches très fines d’organes sains ou malades. On les place sur une lame de verre, que l’on recouvre d’une lamelle, après avoir coloré les cellules et leur noyau. Et on observe ce qui fonctionne ou ce qui dysfonctionne…

Fugue

 

Te souviens-tu de cette fugue?
Il y a longtemps
Tes 9 ans de solitude
Allaient peinant,
Tu voulais t’ouvrir sur le monde
En hésitant
Chaque heure, minute ou seconde
Comptait pourtant.

Tu avais pris pour habitude
Chemin faisant
D’être une parenthèse qu’on élude
En frémissant,
Fillette oubliée qu’on abuse
Mais si enfant
Fillette révoltée qui refuse
La loi des grands.

Dans sa tour isolée princesse
Se déguisant
S’était fait une promesse
De prince charmant,
Par un beau matin de novembre
Et de grand vent
Tu t’es réveillée dans ta chambre
En soupirant___

Tu t’es habillée en silence
Sans faire de bruit
As tâtonné pour que danse
L’âme de la nuit,
As mis ta plus belle jupe
Un pull tout neuf qui t’allait bien
Être belle sans être dupe
Ce serait trop bien.

Tu voulais que la porte s’ouvre
Sur un monde nouveau
Et tu voulais qu’il te découvre
Le sac au dos,
Tu voulais connaître l’amour
Tu voulais jouer avec le vent
Tu voulais la lumière du jour
Et la nuit rêver dans les champs.

Alors tu as ouvert la porte
Tu as eu froid
Faisait trop noir pour que tu sortes
Bien trop pour toi,
T’es souvenue que t’étais petite
T’avais 9 ans
Un peu trop tôt pour que tu quittes
Ta Maman.

Tu es remontée dans ta chambre
Ton cœur pleurait
Il ne fallait pas que tu trembles
Ils le verraient,
Tu as ravalé tes larmes
Remis ta jupe dans le placard
Ton cœur n’était plus que vacarme
C’était trop tard.

Au réveil t’es devenue muette
Et dure dedans
Bagarreuse pour pas qu’on t’embête
C’est rassurant…

Alors maintenant que t’es prête
T’as pris ton temps
Montre-leur, le bonheur s’apprête
S’installe en dedans.

Te souviens-tu de cette fugue
Il y a longtemps…

Facebook0
Copy link
URL has been copied successfully!